Chaque année, Dreamforce redéfinit les contours du CRM moderne. Mais cette édition 2025 a marqué une rupture plus nette que jamais.
Salesforce ne parle plus d’assistants, ni même d’intelligence prédictive.
Le nouveau mot d’ordre, c’est l’entreprise agentique, une organisation où des agents IA spécialisés collaborent de manière autonome entre eux et avec les humains, non pas pour les remplacer, mais pour les décupler.
Derrière ce concept, c’est toute une vision du travail et de la performance qui bascule.
Et la question qui plane sur les DSI, les directions data et les métiers est simple : comment passer de la fascination à l’exécution ?
De l’IA “assistée” à l’entreprise agentique
Depuis des années, les entreprises parlent d’IA. Mais, dans la plupart des cas, il s’agissait d’une IA “assistante” : générer un texte, suggérer une prochaine action, automatiser une réponse.
Salesforce franchit ici un cap. Avec Agentforce 360, le modèle n’est plus réactif, il est proactif et collaboratif. Les agents IA ne se contentent plus d’aider, ils agissent, décident et interagissent avec d’autres systèmes, humains ou non.
L’enjeu n’est plus simplement d’intégrer de l’IA dans un CRM, mais de repenser la logique même du workflow.
Demain, un agent Salesforce pourra prioriser automatiquement les leads les plus prometteurs, déclencher une campagne marketing ciblée, informer le service client, et ajuster le reporting en temps réel — sans intervention humaine directe.
C’est une forme d’“autonomie contrôlée” : les agents opèrent dans des cadres définis par les humains, tout en prenant des décisions locales qui accélèrent les opérations.
Mais cette promesse ne peut exister sans un socle solide. Et ce socle, c’est la donnée.
�Chez Guimini, on le constate déjà : les entreprises qui tirent profit d’Agentforce sont celles qui ont d’abord posé les bases data et sécurité avant d’ajouter des couches d’automatisation.
La fondation : la donnée fiable et gouvernée
Salesforce a rebaptisé son Data Cloud en Data 360 : un nom symbolique qui renforce l’idée que sans contexte, les agents IA ne valent rien.
Les innovations Zero Copy et Clean Rooms vont faciliter la collaboration inter-entreprises, mais attention :
un agent ne peut être intelligent que si vos données sont propres, cohérentes et contextualisées.
Notre lecture Guimini :
- Le succès d’Agentforce passera par une stratégie DataOps solide : normalisation, traçabilité, qualité.
- Les DSI devront intégrer les politiques de gouvernance IA dès la conception (qui audite les prompts, les décisions, les garde-fous ?).
- Les PME/ETI ont ici une carte à jouer : elles peuvent aller plus vite en simplifiant leurs flux data dès maintenant.
Des agents au cœur des métiers : vers une collaboration augmentée
Les premiers cas d’usage présentés à Dreamforce montrent à quel point la logique agentique s’étend désormais à toutes les fonctions.
Dans le service client, des agents conversationnels prennent en charge des requêtes complexes, croisent les historiques CRM et la base de connaissances, tout en masquant automatiquement les données sensibles.
Dans la supply chain, Dell a réduit de 60 à 20 jours son onboarding fournisseurs grâce à des agents capables d’orchestrer des processus d’approbation multi-étapes.
Et sur le terrain, des techniciens équipés de Field Agents peuvent désormais remplir des formulaires simplement à la voix, pendant que des drones autonomes gèrent la logistique d’intervention.
Ce ne sont pas des gadgets, mais des signaux faibles d’un basculement : celui où l’humain ne pilote plus chaque action, mais conçoit et supervise un système d’agents interconnectés.
Le rôle du manager évolue : il devient un chef d’orchestre de workflows intelligents, garant de la cohérence, de l’éthique et de la performance du système global.
Un défi architectural avant tout
Derrière la promesse de l’entreprise agentique, il y a une exigence technique considérable. Intégrer des agents, c’est d’abord intégrer les systèmes qui les nourrissent.
C’est là que MuleSoft joue un rôle central : sa nouvelle génération d’intégrations basées sur le langage naturel, baptisée “MuleSoft Vibes”, permet de connecter des applications entre elles à travers des requêtes en langage courant.
Mais la clé du succès ne résidera pas seulement dans la technologie : elle se jouera dans la capacité à cartographier les processus, harmoniser les flux, et concevoir une architecture d’agents supervisables.
Chez Guimini, nous avons déjà vu les premiers signes de ce virage. Les entreprises qui anticipent le mieux cette évolution sont celles qui abordent leurs projets IA comme des chantiers d’architecture, et non comme des expérimentations isolées.
Elles ne se contentent pas d’intégrer un agent, elles préparent le terrain : gouvernance, sécurité, qualité de la donnée, process, acculturation des équipes.
C’est cette approche systémique qui conditionnera le succès.
L’humain, toujours au centre
Il serait tentant de croire que l’entreprise agentique est une entreprise déshumanisée. C’est tout l’inverse.
Salesforce l’a rappelé : le but des agents IA n’est pas de remplacer les humains, mais de leur rendre du temps, de la clarté et du pouvoir de décision.
La différence entre une IA prédictive et une IA agentique, c’est justement la coopération.
Un agent qui anticipe vos besoins, reformule vos demandes, comprend votre contexte de travail et agit à votre place sur les tâches sans valeur ajoutée — voilà ce que signifie “augmenter l’humain”.
Mais cette collaboration soulève aussi des questions : comment garantir la transparence des décisions prises par un agent ? Comment assurer l’éthique dans les actions automatisées ? Comment éviter la dépendance cognitive des équipes ?
Autant d’enjeux que la technologie seule ne réglera pas, et qui demandent un accompagnement organisationnel profond.
Transformer la curiosité en maîtrise
Dreamforce 2025 n’a pas simplement annoncé une évolution technologique, mais un changement de paradigme.
Les entreprises entrent dans l’ère de l’action intelligente, où les données, les systèmes et les humains fonctionnent comme un organisme cohérent.
Mais pour y parvenir, il ne suffit pas d’attendre le “moment Agentforce”.
Il faut dès aujourd’hui préparer son architecture, sa gouvernance et sa culture d’entreprise à collaborer avec des agents IA.
C’est là que commence le travail des intégrateurs, des auditeurs et des experts Salesforce. Pas seulement pour connecter les briques, mais pour aider les entreprises à repenser leur façon de travailler à travers ces briques.
Chez Guimini, nous croyons que la véritable innovation ne réside pas dans les agents eux-mêmes, mais dans l’équilibre que les organisations sauront construire entre autonomie, contrôle et confiance.
Dreamforce 2025 aura sans doute marqué un tournant. Mais le vrai défi ne se jouera pas à San Francisco.
Il se jouera, ici, dans les entreprises capables de transformer leurs promesses technologiques en intelligence opérationnelle.